Les filles au lion
Jessie Burton – Gallimard – 22,50 €
Les filles au lion, c’est le titre donné à un tableau représentant deux sœurs, deux saintes de Séville, Justa et Rufina, et leur martyre : en 287 Justa fut jetée dans un puits et Rufina livrée à un lion (comme le lion s’assit devant elle et lui lécha les vêtements, elle sera finalement égorgée…)
Dans les années 60, arrivée depuis quelques années de son île de Trinidad, Odelle Bastien, qui rêve de devenir écrivain, décroche un poste de secrétaire auprès d’un galeriste et échappe ainsi à son emploi de vendeuse de chaussures et au racisme ordinaire du Londres de ces années là. Dans son nouvel emploi, Odelle travaille avec Marjorie Quick, personnalité très forte et attachante, bras droit du directeur de la galerie. Très vite, Marjorie s’attache à Odelle et la pousse sur la voie d’écrivain qu’Odelle aimerait suivre. Lors d’une soirée, Odelle rencontre Lawrie Scott, elle lui dit où elle travaille et Lawrie lui montre un tableau, celui des filles au lion, seul héritage de sa mère qui vient de mourir. Odelle propose à Lawrie de faire expertiser le tableau. Lorsque Lawrie vient à la galerie avec le tableau, Marjorie est très troublée à la vue du tableau, et Odelle aimerait comprendre pourquoi…
Jessie Burton fait alterner le récit de l’histoire d’Odelle, Marjorie et Lawrie avec l’histoire, dans un village près de Malaga à la veille de la guerre civile espagnole (qui prendra une grande part dans ce récit) de la réalisation du tableau des filles au lion, dont le vrai intitulé est Rufina et le lion. Une version très ancienne de Rufina et le lion et Justa au puits se trouve dans l’église de ce village espagnol. Dans ce village vivent Harold Schloss, marchand d’art juif allemand, sa femme Sarah, anglaise, et leur fille Olive, qui peint en cachette de son père. Deux jeunes gens, frère et sœur, Isaac et Teresa Robles travaillent pour les Schloss, Isaac peint lui aussi à ses heures perdues….
Les méandres des deux histoires et époques vont s’entremêler dans ce qui est une formidable machine romanesque dont on a beaucoup de mal à interrompre la lecture.