Elles sont bien là, « les conditions idéales » pour que tout dérape dans la vie de Skander. Abandon partiel par sa mère, inconséquence de celle qui sera chargée de lui par l’A.S.E, méconnaissance de ses origines, éducation très aléatoire, le parcours est tout tracé et l’issue très probable. Mais bien qu’attiré par toutes les solutions plutôt illégales qui lui rapporteront de l’argent, et qui ont cours autour de lui, Skander est aussi passionné par la lecture et la connaissance du monde qui l’entoure. Des rencontres fortes, exigeantes, l’attention et l’adaptation constantes de l’assistance sociale qui le suit et croit en lui, le détourneront peut-être de la catastrophe qui s’annonce. L’humour et la lucidité sont partout dans ce roman qui a reçu le Prix Goncourt des détenus. L’énergie, la joie et la rage de vivre qui s’en dégagent donnent certainement de l’espoir à tous les « Skander » qui courent, tombent, franchissent les lignes rouges mais réfléchissent, utilisent leurs atouts et se rétablissent.
Roman qui retrace le destin de Mimo, sculpteur dont le génie culminera dans sa dernière création : une Pietà si envoutante que le Vatican la cèlera dans une cave. De son enfance pauvre, moqué pour sa petite taille, jusqu’aux fastes du pouvoir d’une Italie fasciste, son destin sera lié à celui de Viola Orsini, l’amie de toujours, fantasque et rebelle. L’histoire s’étale sur une cinquantaine d’années ; et l’on suit, comme dans un conte, l’éventail de tous les personnages qui gravitent autour de Mimo et Viola. Une chronologie alternée dans laquelle on ne se perd jamais, des points vue qui alternent rendent le récit très attrayant.
Conte de fée ? Récit initiatique ? Ce court roman nous questionne et nous fascine. Deux écolières de 11 ans : Siss gaie et bien entourée, Unn secrète et isolée sont mutuellement attirées. Une école dans un petit village de Norvège, un hiver rude, une rivière gelée, une cascade qui cache un palais de glace exerçant une violente attraction sur tous. Et le lendemain d’une soirée étrange, Unn ne vient pas à l’école et préfère explorer le palais de glace. Tout contribue à faire de ce récit, une œuvre dense et envoûtante.
Publié en 1929 en Italie, mais inédit en français, Une année d’école est un court roman étonnant édité en ce début 2024 chez Verdier. Avec une écriture moderne, Giani Stuparich (1881 -1961) dresse le beau portrait d’une jeune fille. Dans le lycée de Trieste où se déroule l’année scolaire 1909-1910, année pleine d’espoir, Edda se retrouve seule fille dans la classe préparatoire à l’université au milieu d’une vingtaine de garçons. Ceux-ci sont désarçonnés par cette camarade de classe brillante, volontaire, éprise de liberté, ramenée malgré elle à son statut de femme. Magnifique ode à la jeunesse et à la détermination.
À partir de Mortis, personnage créé par Juan Marino Cabello, le scénariste Miguel Ferrada et le dessinateur Italo Ahumada ont réalisé ce roman graphique traduit de l’espagnol (Chili) pour les éditions Nine implantées dans l’Oise. Une histoire sombre, mystérieuse et passionnante qui nous plonge dans la réalité de la mort et la fiction de la vie. En fin de volume un dossier explique la réalisation du présent album. Un volume très soigné mêlant vignettes, textes et schémas divers.
Sylvain Prudhomme a un talent indéniable pour parler des tourments intérieurs… Simon, le narrateur, fort perturbé par son divorce, découvre lors de l’enterrement de Malusci, son grand-père presque centenaire, l’existence d’un oncle allemand né de la grande histoire d’amour vécue par Malusci dans l’Allemagne occupée d’après guerre. Simon veut tout savoir, sa grand-mère Imma s’insurge, d’autres parlent, et le roman, avec beaucoup d’humanité et de sensibilité, déroule peu à peu les fils de ce secret de famille. Une histoire magnifique emplie de mélancolie, un roman puissant et marquant. Sylvain Prudhomme avait déjà évoqué ce grand-père dans une fiction évoquant le passé de Malusci en Algérie dans les années 60 ; « Là, avait dit Bahi », est paru en 2012 et la lecture de « L’enfant dans le taxi » donne envie de lire ce roman antérieur tant le passé de Malusci intrigue.
Dans ce livre, présent et passé s’entrecroisent autour du thème du temps qui passe, des jeunes qui s’imposent face aux anciens (qui n’auraient plus rien à offrir ?). Calista, personnage fictif, jeune femme en voyage aux Etats-Unis, fait la connaissance par hasard de Billy Wilder, au crépuscule de sa carrière de réalisateur et dont elle ignore tout. Il l’embauche comme interprète pour son prochain tournage en Grèce. Elle y découvrira le monde du cinéma, d’autres pays dont la France et son brie de Meaux ! Nous découvrons Billy Wilder, souvent par le biais d’anecdotes, parfois légères et cocasses, parfois graves ou émouvantes.
Ce thriller scientifique et écologique raconte la lutte acharnée de plusieurs chercheurs renommés venus de différents pays pour évaluer les effets du changement climatique dans une forêt tropicale au Congo. Pourquoi un gorille tranquille s’est-il brusquement transformé en une bête féroce ? Quelle est la cause de la mort d’un petit groupe d’une tribu maï-maï et pourquoi un seul rescapé ? Coïncidence que ces évènements surviennent dans le berceau de l’humanité ? Le roman égrène de multiples questions bien actuelles jusqu’à la solution finale. Traduit du norvégien
Après le violon d’ « Âme brisée » et l’alto de « Reine de cœur », c’est au tour du violoncelle d’être à l’honneur dans « Suite inoubliable ». Et toujours la même alternance de récits de nos jours et d’autres pendant la seconde guerre mondiale, au Japon. Une jeune luthière talentueuse découvre une lettre en restaurant un violoncelle qu’elle reconnaît et la voilà partie sur les traces de grands parents dont elle ignorait tout. Plusieurs grandes pièces pour violoncelle (les suites de Bach, le concerto d’Elgar et le magnifique Chant des oiseaux, immortalisé par Pablo Casals), sont présentes tout au long du livre. Accompagner la lecture de ce délicieux roman, ode à la musique et à la paix, de ces belles pages musicales... un vrai bonheur...
Robert Bober a réalisé de nombreux films documentaires, dont plusieurs avec Pierre Dumayet. Mais depuis 1993 et Quoi de neuf sur la guerre ?, il est aussi connu comme écrivain, auteur d’une oeuvre nourrie par ses souvenirs d’enfance et de jeunesse. Au cœur de sa démarche d’écriture, il y a la volonté de faire revivre certains quartiers populaires de Paris, où il est arrivé en 1933, venant d’Allemagne avec ses parents, d’origine juive, mais surtout de rappeler l’existence de tous ceux qu’il a croisés alors, et que parfois la guerre a emportés.
Dans son dernier livre, il fait également une grande place à des amitiés plus récentes, dont celle avec Pierre Dumayet ou celle nouée avec Georges Perec, mais aussi aux nombreux livres qui ont accompagné sa vie. La progression du livre est un peu erratique, passant d’une citation à une anecdote, d’un dessin à une photo (reproduits dans le livre), mais l’ensemble dessine peu à peu la cohérence d’un parcours et d’une personnalité très attachante, fidèle à l’esprit d’enfance et à toutes les rencontres qui l’ont nourrie.
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