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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 10:00

    S'il est une chose dont il faut se souvenir, en cette année de commémoration de 14-18, c'est bien de l'absurdité Johny-s-en-va-en-guerre.jpgde cette guerre, du point de vue des peuples, mais aussi de sa barbarie.
    Le film, Johnny s'en va-t-en guerre atteint efficacement cet objectif. Il fut réalisé et scénarisé par Dalton Trumbo. Il sortit sur les écrans en 1971, en pleine guerre du Vietnam et obtint le grand prix spécial du jury à Cannes. Il était tiré du roman éponyme du même auteur, publié en 1939, deux jours seulement après le début de la guerre en Europe. Il devait son titre à une chanson de propagande américaine, datant de 1917, "Over there", qui incitait les jeunes gens à s'engager ; les premières paroles étaient : "Johnny, get your gun".
    Le film retrace le parcours d'un jeune soldat américain, mobilisé en 1917 quand les USA entrent en guerre ; il part pour défendre une idée assez vague qu'il se fait de la démocratie, pour défendre sa patrie, pour visiter Paris et par dessus tout pour ne pas être considéré comme un lâche. Il se retrouve sur le front d'Europe occidentale ; il est alors victime d'un obus, lors d'une opération nocturne dans le no man's land, pour dégager un soldat bavarois mort, pris dans les barbelés et qui commence à empuantir l'atmosphère.
    Considéré comme décérébré et privé de ses quatre membres, de ses yeux, de ses oreilles, réduit à "l'état de morceau de viande" (c'est lui qui le dit dans son monologue intérieur), il est conservé par les médecins militaires comme objet d'expérience. Peu à peu, encore conscient, il découvre son état, réussit à entrer en contact avec une infirmière compatissante, lui demande de mettre fin à ses jours mais la hiérarchie militaire s'y oppose.
    Le réalisateur  entremêle la réalité (Johnny dans l'hôpital militaire) filmée en noir et blanc, les souvenirs et les rêves en couleur. Le film porte également la marque de Bunuel, co-scénariste : un Christ qui ne sauve personne traverse le film. 
    Sur l'écran à la fin, ces propos bruts et sans commentaires :
                    Depuis 1914 : 80 millions de morts et 150 millions de disparus et de mutilés.
    DULCE ET DECORUM EST PRO PATRIA MORI (Qu'il est doux et beau de mourir pour sa patrie)

Le livre :
    - Edition : Acte sud
    - Collection : Babel
    - ISBN : 9782742746521

 

Coup de coeur de Pascal

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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 19:56

    la visite de la vieille dameCette pièce, écrite en 1956, permit à son auteur d'obtenir le prix des critiques de théâtre de New York en 1959.
    Elle est une variation moderne sur le personnage de la mythologie antique, Médée, cette magicienne qui aida Jason à s'emparer de la Toison d'or, se maria avec lui par amour avant d'être abandonnée et de se venger implacablement : elle offrit à la nouvelle épouse de Jason une tunique qui lui brûla la peau et égorgea ses propres enfants.
    Dans la pièce, nous sommes à Güllen. Claire Wäscher, la fille du maçon de la ville, est séduite par un jeune homme, Alfred Ill ; ils ont un enfant mais Alfred trouve deux témoins complaisants qui attestent devant un tribunal qu'il ne peut être le père ; il se  marie ensuite avec la fille d'un épicier. Quant à Claire, elle est condamnée, rejetée par la population ; elle se voit retirer son enfant et est obligée de s'exiler à Hambourg où elle se prostitue pour survivre. Elle y rencontre un homme très riche qui fait sa fortune, Monsieur Zahanassian.
    Elle décide alors de se venger ; elle retrouve les deux faux témoins, leur fait crever les yeux et les fait émasculer ; elle ruine Güllen en rachetant et fermant les entreprises de la ville ; elle revient et propose aux habitants 100 milliards en échange de ce qu'elle considère comme la justice absolue : la mort de son amant infidèle. Si, dans un premier temps, ils refusent, ils finissent par accepter et le mettent à mort eux-mêmes.
    Avec cette pièce, sur le mode de la satyre et de la caricature, Dürrenmatt pose de nombreuses questions : jusqu'où une communauté-ici une ville mais ce peut-être aussi bien la Suisse pendant la seconde guerre mondiale ou toute autre communauté humaine-peut-elle aller pour obtenir ou conserver sa prospérité économique ? Comment fonctionne la justice alors qu'elle condamne des innocents ? Quels rapports entretient-elle avec la vengeance ? Quelles relations existe-t-il entre les grands principes humanistes et les intérêts matériels quand les premiers servent bien souvent à camoufler les seconds ?
    Pour toutes ces questions et pour l'ensemble de son oeuvre, Dürrenmatt aurait voulu être emprisonné mais il n'atteint pas son objectif : "Mon grand-père a été envoyé en prison pendant dix jours à cause d'un poème qu'il avait écrit. Je n'ai pas encore été ainsi honoré. Peut-être est-ce ma faute, ou peut-être le monde a-t-il tellement périclité qu'il ne se sent plus offensé lorsqu'il est sévèrement critiqué".

Edition :LGF

EAN : 9782253047308
Prix : 4,60 euros.

 

Coup de coeur de Pascal

 

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12 avril 2014 6 12 /04 /avril /2014 10:00

les-cent-mots-de-la-grande-guerre.jpg    Avec ce petit ouvrage, qui respecte scrupuleusement le cahier des charges de la collection "Que sais-je ?", André Loez apporte une contribution au centenaire de la Première Guerre Mondiale. Avec 100 pièces -100 mots- il nous invite à reconstituer le puzzle de la guerre : ses causes, son déroulé, l'expérience des soldats et des civils, ses conséquences, l'intense activité mémorielle qu'elle suscita...
    Quant aux origines de la guerre, il reste fidèle à une analyse traditionnelle qui distingue celles qui sont profondes (les rivalités entre grandes puissances impérialistes regroupées dans des systèmes d'alliance, la rivalité anglo-allemande pour la domination des mers et du monde) et celle qui est immédiate (l'étincelle qui met le feu à la poudrière balkanique mais aussi mondiale : l'attentat de Sarajevo du 28 juin 1914) ; pour autant il ne prétend pas que la guerre était inéluctable à ce moment précis.
    L'auteur règle leur compte à des notions qui ont fini par s'insinuer jusque dans les programmes scolaires alors qu'elles sont contestées par nombre d'historiens dont il est ; il en va ainsi de la prétendue brutalisation généralisée des sociétés qui expliquerait l'avènement des totalitarismes (nazisme et stalinisme) et la seconde Guerre Mondiale ; mais également d'une guerre censée avoir été totale, du soi-disant consentement des populations à la guerre sans qu'il y ait eu besoin de les contraindre.
    En contrepoint, il démonte les mécanismes de cette contrainte bien effective et les moyens utilisés pour amener les soldats à se battre (fusillades, propagande, alcool, bordels militaires, pressions de l'ensemble de la société...).
    Il donne également toute leur place aux résistances à la guerre : les fraternisations de décembre 1914 sur le front occidental,celles du front oriental en 1917-1918, les grandes mutineries consécutives à l'offensive meurtrière du chemin des dames en avril 1917, le système du "vivre et laisser vivre" ( des trêves régulières sur le front ouest pour aller ramasser ses morts dans le no man's land, pour utiliser un puits à découvert ; il aborde également la question du pacifisme avec le refus de voter les crédits de guerre par le social-démocrate allemand Karl Liebknecht dès décembre 1914, par trois socialistes français, dont Pierre Brizon, en 1916, avec les conférences de Zimmerwald et de Kienthal auxquelles participèrent Lénine et Trotsky en 1915 et 1916...mais aussi de la révolution d'Octobre en Russie qui déboucha sur la paix de Brest-Litovsk en mars 1918.
    Ce livre remarquable dresse l'état des connaissances et des savoirs sur la 1ère Guerre Mondiale et permet à l'"honnête homme" d'avoir toute la distance critique nécessaire pour aborder cette période de commémoration.

 

Coup de coeur de Pascal

 

Editeur : PUF
Collection : Que sais-je ?
ISBN : 9782130607526
Prix : 9 euros

 

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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 22:23

    Vaincue-par-la-brousse_.jpgAprès la Deuxième Guerre Mondiale, Doris Lessing (1919-2013) quittait la Rhodésie, colonie anglaise qui est aujourd'hui le Zimbabwe ; elle emportait dans ses bagages son premier roman, "vaincue par la brousse" ("The Grass is singing") ; elle le fera publier en 1950 en Angleterre.
    En guise d'ouverture, un article de journal relatant de façon froide un "meurtre mystérieux" : "Mary Turner, épouse de Richard Turner, fermier à Ngessi, a été trouvée assassinée hier matin, dans la véranda sur le devant de la maison. Le domestique, qui a été arrêté, avoue être l'auteur du crime dont les mobiles n'ont pas encore été découverts. On présume que le meurtrier a agi poussé par la cupidité".
    Tout le "travail" de la romancière va alors être de reconstituer la généalogie de la tragédie.
    La victime, Mary, est la fille d'un salarié des chemins de fer, ivrogne et d'autant plus raciste qu'il est lui-même opprimé. Elle parvient à s'extraire de ce milieu et à trouver un poste d'employée de bureau en ville. Mais alors que sa condition de célibataire lui convient parfaitement, elle se marie, sous la pression conformiste de ses amis, avec un petit fermier blanc, Dick Turner, et part vivre dans le veld (la campagne en afrikaans)
    Là, elle se retrouve dans un décor de tragédie où tout concourt à priver les individus de leur volonté : la chaleur éttouffante, le cri strident des cigales qui pèse sur les nerfs, la malaria qui mine les organismes, des relations inhumaines entre races-classes qui peuvent à tout moment déraper dans la brutalité : quand un Blanc plonge "son regard dans les yeux d'un Noir, il découvre un être humain" et alors "le sentiment de sa propre culpabilité toujours latent en lui se traduit par un réflexe qui le conduit au coup de fouet".
    Et dans ce contexte, elle entreprend une relation impossible, parce qu'humaine, avec un domestique noir, Moïse ; les seules issues possibles sont alors la folie, la fuite qu'elle n'envisage même pas réellement ou la mort à laquelle elle se résigne.
    Ce roman montre bien que l'être humain ne peut se réaliser en tant que tel que dans des relations non oppressives et vraiment humaines avec ses semblables, et par là c'est un cri d'humanité.

Edition :  j'ai lu.
ISBN : 978-2290070796
Prix : 7,10 euros

 

Coup de coeur de Pascal

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14 février 2014 5 14 /02 /février /2014 22:14

philomena_.jpgPhilomena,le dernier film de Stephen Frears (déjà auteur de "My beautiful laundrette", des "Liaisons dangereuses"...) est d'abord un réquisitoire contre l'Eglise catholique irlandaise : dans les années 1950, elle recueillait des jeunes filles non mariées et enceintes, les faisaient accoucher dans la douleur sans antalgiques pour qu'elles expient le péché de chair ; leurs enfants étaient ensuite "donnés", moyennant finances, à de riches catholiques américains.
    Si réquisitoire il y a, il n'est pas vindicatif : il plaide pour que mères et enfants soient à nouveau rassemblés, 50 ans après, pour que l'Eglise y coopère.
    Mais le film, basé sur le livre de Martin Sixsmith, "The lost child of Philomena", n'est pas que cela ; il relate une relation improbable entre deux personnages que tout oppose, le milieu socio-culturel, les opinions religieuses... : Philomena, une infirmière retraitée qui veut retrouver son fils et Martin Sixmith, journaliste et ancien "dircom" du 10 downing Street (adresse du 1er ministre anglais à Londres) qui, lui, est en quête d'un sujet pour combattre  sa dépression et relancer sa carrière.
    Le tout est mené sans pathos alors que le sujet pouvait s'y prêter, avec réalisme, sensibilité et suspense ; et servi par deux remarquables acteurs, Judi Bench et Steeve Coogan également co-scénariste du film avec Jeff Pope.

Le livre est aussi disponible :
Titre : The lost child of Philomena

Une mère, un fils, la quête de toute une vie pour se retrouver
Auteur : Martin Sixsmith
Edition : Presses de la cité (2 janvier 2014)
Prix : 22,50 euros
EAN: 9782258106871

Coup de coeur de Pascal

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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 17:46

la-pub-est-declaree-1914-1918.jpg-D-D.jpg    Avec son dernier livre, une nouvelle abondamment et richement illustrée d'affiches publicitaires, Didier Daeninckx participe à la commémoration de la Première Guerre Mondiale : celle-ci est vue à travers l'activité d'une agence publicitaire qui a réellement existé, Siècle Publicité.
    D'emblée, l'une de ses employées se fait expliquer son métier par son patron : "Vendre, tel est le problème parfois difficile à résoudre...qui se présente à l'attention du commerçant...Il n'est plus permis que l'acheteur vienne, il faut aller le chercher là où il se trouve. Parfois il est même nécessaire de créer un acheteur qui n'existait pas hier...lui suggérer des besoins. Inventer le désir : c'est en cela que consiste notre travail, Mademoiselle Bonnier, vous comprenez ? Inventer le désir !"
    Ses premières cibles seront les soldats eux-mêmes qui restent, sous l'uniforme, des consommateurs. Ils se voient proposer tout ce qui permet, si l'on en croit les affiches, d'aller au front confortablement : des masques dernier cri contre les gaz asphyxiants...des montres...Un industriel pousse même le ridicule jusqu'à demander une campagne pour un tissu pare-balle-même en temps de guerre le ridicule ne tue pas.
    Les civils ne sont pas épargnés : l'on met tout en oeuvre pour les convaincre de verser leur or, de souscrire aux emprunts pour financer la guerre...et les profits des industriels.
    La guerre devient un argument de vente elle même : on fait l'article pour un petit-déjeuner nutritif en utilisant l'image de Clémenceau représenté en tigre ; pour vendre des jouets on utilise un Père Noël déguisé en poilu...
    Les campagnes publicitaires naviguent sur le nationalisme le plus débridé avec pour effet de le renforcer : les entreprises doivent prouver que leurs produits sont "made in France", plus encore que ceux de leurs concurrents (Duval accuse Maggi-avec son Kub rouge et or- d'avoir partie liée avec l'Allemagne pour lui prendre des parts sur le marché du bouillon).
    Quand la guerre est finie tout continue : l'on invente et l'on fait la promotion de nouveaux produits : les prothèses en tous genres, le tourisme de guerre qui transforme en argent le besoin des gens d'aller se recueillir sur les lieux où sont morts leurs proches.
    Si ce livre parle du passé il n'est évidemment pas sans évoquer notre société consumériste d'aujourd'hui où l'individu, même avec des revenus très bas, est bien souvent réduit à un simple consommateur.

Editeur : Hoëbeke
ISBN : 9782842304898
Prix : 19,50 euros

 

Coup de coeur de Pascal



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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 17:33

Pays-perdu.jpg     Enfant, il m'est arrivé d'aller en Auvergne. J'en ai gardé des sentiments mitigés parmi lesquels la peur - peur de me trouver d'un seul coup propulsée dans un monde étranger. Il suffisait de descendre un raidillon pour se retrouver dans un hameau : je restais pétrifiée devant les rues boueuses, les flaques d'eau, les maisons plus ou moins abandonnées et les habitants (deux au moins) ô combien mystérieux - une veille folle déambulant en beaux vêtements - vieux châle, fourrure en plein été -; un homme sans âge aux superbes yeux bleux,sans dents, sans emploi, "sauvage" pour ainsi dire, sachant attraper le poisson à mains nues.
J'ai retrouvé intacts tous mes sentiments en lisant Pays perdu de P. Jourde. Mais il va plus loin qu'une simple évocation de l'Auvergne. En ethnologue, il s'"attaque" au hameau et à la région de son père, regarde, observe et participe à la vie des habitants. Il note tout - leur habitat, leurs façons de vivre, les aspérités de leur visage, les défauts de leurs mains.Il ne les épargne pas - leurs excentricités, leur rapacité, leur saleté même ,tout nous est livré mais jamais il ne les juge. Il y a une dimension épique dans ce livre : quelques individus livrés presque pieds et poings nus à l'indifférence des éléments, montagne, neige, froid, ravins...loin de tout . Comment vivre ? Comment survivre ? Et pourtant ,ils y parviennent, menant tant bien que mal leur vie laborieuse à son terme.
On retrouve dans ce livre la même rudesse que chez M-H Lafon,autre Auvergnate - dans L'Annonce ou dans Liturgie.
Loin d'être un jet d'insultes, ce livre est un hommage, triste,à une poigné de de gens, "aux derniers Indiens" dirait M-H Lafon à propos des paysans.

On sait ce qu'il en a coûté à son auteur : tentative de lynchage par la population en 2005. Récemment, il a publié La première pierre chez Gallimard qui crée un diptyque avec Pays perdu : que répond l'auteur, huit ans après, aux cailloux, à la haine ?

 

Edition : Pocket (N° 12251)

 

EAN : 978-2266143783

 

Prix : 5,70 euros

 

Coup de coeur de Cécile

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27 janvier 2014 1 27 /01 /janvier /2014 17:19

Ma-vie-Maurice-Reich-Ranicki.jpgMarcel Reich-Reinicki est un "homme-livre"  décédé le 18 septembre dernier. Surnommé le "pape de la littérature allemande", il a pendant près de 50 ans accompagné de ses critiques toute la production littéraire du pays.

     Dans son autobiographie publiée en 2001 chez Grasset, il raconte son parcours de façon passionnante. Né en Pologne en 1920 dans une famille juive qui s'installera bientôt à Berlin, il va connaître en pleine jeunesse la montée du nazisme et les persécutions antisémites. Il nous livre cette période de l'histoire étroitement mêlée à son émerveillement décisif pour la littérature - étudiée au lycée ,elle  prenait toute son importance lors des représentations des classiques interprétés par des acteurs inoubliables.

Expulsé d'Allemagne et de retour en Pologne, il se retrouve interprète pour le "conseil juif" (Judenrat) dans le ghetto de Varsovie. Ses évocations en sont saisissantes : au milieu des moribonds, des cadavres, il conte le salut par la musique (on se retrouve dans une chambre autour d'un gramophone pour écouter du Chopin) ou par la poésie. Il "tiendra", dira-t-il, grâce aux poèmes d'Erich Kästner.
C'est encore à la littérature qu'il devra sa liberté. Ayant fui le ghetto, réfugié avec sa femme dans la cave d'une ferme, il offre chaque soir à ses hôtes frustes le récit des romans de Tolstoï. Livrées en épisodes, ces histoires passionnent le couple de paysans et le tiennent en haleine.
    C'est ensuite toute l'après-guerre qui est nous est racontée et son métier de critique littéraire - en Allemagne de l'Est puis de l'Ouest après bien des tribulations. On assiste à sa première rencontre avec Günter Grass - ni l'homme ni son projet littéraire (le futur Tambour) ne le convainquent au premier abord et ne lui laissent présager une grande carrière pour le futur Prix Nobel !
Bref, il n'est pas besoin d'être germaniste pour apprécier cette oeuvre, vibrant hommage à la littérature et à sa nécessité. Chacun y trouvera de quoi alimenter sa réflexion : l'amateur d'Histoire, le passionné de littérature ou plus largement le curieux, désireux de connaître un homme pour qui lire et  vivre n'ont pas été de vains mots.

 

 

Ma vie, Marcel Reich-Ranicki

 

Traduction en français : B.Lorthoraly et J.Etoré

 

Edition Grasset

 

Prix : 22,50 euros

 

Coup de coeur de Cécile

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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 13:47

moulin-editions-de-minuit.jpgEn ces temps où l’on sacrifie l’éducation et l’enseignement de l’histoire, il est bon d’aller l’apprendre à la source.
            Avec Premier combat, on accompagne Jean Moulin quasiment heure par heure lors des journées décisives du 14 au 18 juin 1940.
Pour nous rafraîchir la mémoire : l’exode, les bombardements, Chartres désertée, abandonnée, l’attente des troupes allemandes puis leur installation et face à tous ces événements, le sang-froid et le génie organisationnel de Jean Moulin qui fait tout pour que la vie « continue ». Il n’oublie rien : le pain, l’eau, le charbon pour chauffer les écoles, les réfugiés, les soins à leur prodioguer.Il pense aussi à rassembler autour de lui quelques hommes de bonne volonté susceptibles de l’aider.
On n’oubliera pas non plus son premier acte de résistance : son refus de signer un infâme papier qui aurait dû accuser des tirailleurs sénégalais d’avoir violé puis massacré  des femmes et des enfants – refus qui le conduira aux portes de la mort.
Qu’est-ce qu’être un homme en 1940 ? Qu’est-ce qu’être un haut fonctionnaire en 1940 ? On trouve les réponses dans ce petit livre, humble, modeste, où se devine un grand homme.

 

Premier combat   Jean Moulin

Editions de Minuit

 

9782707304049

Prix : 11 euros

Coup de coeur de Cécile

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14 janvier 2014 2 14 /01 /janvier /2014 12:45

Rosa-Parks-non-a-la-discrimination.jpg    Dans ce petit livre écrit à l'intention de la jeunesse, l'auteur prête sa plume à Rosa Parks qui évoque son rôle dans la lutte pour les droits civiques aux USA dans les années 1950.
    La réalité y était assez semblable à celle de l'Apartheid en Afrique du Sud : "Moi, dit-elle, que la loi excluait du droit de vote, ainsi que de la liberté de boire à n'importe quelle fontaine, de m'asseoir à la place libre qui me faisait face, de me soulager dans les toilettes publiques...Contrairement aux humains, les animaux buvaient à la même source, quelle que fût la couleur de leur pelage. En Alabama, un écriteau surplombait nos fontaines : COLORED. Notre vie était la pancarte de la honte".
    C'est dans ce contexte que le premier décembre 1955, à Montgomery, Rosa Parks refuse de céder sa place à un Blanc dans un autobus alors que la loi lui intime de le faire ; elle est arrêtée, emprisonnée, libérée sous caution et condamnée à payer une amende de 14 dollars. L'affaire aurait pu s'arrêter là mais, dit-elle, "mon peuple attendait un signal, je n'en fus que l'étincelle". Une grande partie des Noirs de la ville, soutenus par une minorité de blancs libéraux, se lancent à l'appel de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) dans un boycott des bus dont ils constituent 70% des passagers. Martin Luther King s'impose comme porte-parole et dirigeant du mouvement ; le 20 décembre 1956 la ségrégation dans les bus d'Alabama est abolie.
    Quant à Rosa Parks, menacée et ne trouvant plus de travail à Montgomery, elle dut s'exiler dans le Nord du pays à Detroit dans le Michigan.
    Dans un petit dossier attenant, l'auteur revient sur les autres évènements marquants du mouvement pour les droits civiques et rappelle, opportunément, que le combat de Rosa Parks est toujours d'actualité aux USA et ailleurs.

Editeur : Acte Sud Junior
EAN : 9782742773855
Prix : 8,50 euros

 

Coup de coeur de Pascal

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  • 24 mai - Vente du livre La dette à perpète (Eric Bocquet) à la MCA de Creil à 18h30
  • 25 mai - Table de livres lors de la Fête du livre à Montataire
  • 6 au 9 juillet - Table de livres lors du Congrès de la FSU "École émancipée" à Airion