Quand le gamin Lebrac rassemblait ses copains
Pour partir guerroyer dans les prés de la Saute
A travers les taillis, les bois et l’herbe haute,
Avec tous les Boulots, les Camus, les Tintins,
Il ne se doutait pas que, dans un champ voisin,
Un bonhomme observait leurs moindres faits et gestes,
Leurs discours vigoureux, leurs propos plutôt lestes,
Les notant mot à mot, dans son cher calepin.
Il ignorait, Lebrac, dans sa belle innocence,
Que ces jeux deviendraient, repensés par Pergaud,
Un récit homérique et un combat faraud
Et que, dans un élan attendri d’indulgence,
Le Louis construirait, pour ces fameux garçons,
Une épopée énorme à partir de boutons.
Henri Frossard (1907)
Landresse est le nom du village qui a inspiré à Pergaud le décor du village de Longeverne, cadre de La Guerre des boutons.
Ce poème est présenté dans le petit musée consacré à Louis Pergaud que l’on peut visiter à Belmont, village natal de l’écrivain.
On ne présente plus Louis Pergaud et sa Guerre des boutons, toujours rééditée pour le plus grand bonheur des jeunes lecteurs, et des moins jeunes.
Mais il faut présenter Henri Frossard (1915-1995). Né dans le Doubs, il y vécut presque toute sa carrière d’enseignant : reçu à l’Ecole Normale en 1935, il devint instituteur, comme l’avait été Louis Pergaud ; il fut aussi principal de collège dans les années 60. Mais il a été aussi un militant dans la Fédération unitaire de l’Enseignement, puis au Syndicat national des instituteurs. Suspecté, ainsi que son épouse, elle-même institutrice, de « propagande communiste », il fut muté dans les Landes en décembre 1940, avant de pouvoir revenir dans son pays d’origine.
Henri Frossard était aussi écrivain et conférencier. Il avait reçu le prix Louis Pergaud en 1958.
Coup de cœur de Catherine Raucy