La galère, roman du poète Francis Combes a pour sous-titre Les vies aventureuses de Jean-Pierre Moineau. Ce dernier est le protagoniste de l’histoire. C’est un perdant. Détrompez-vous, il n’est pas issu d’un milieu misérable, ou marginal. Ses parents sont divorcés. Soit ! Le père est policier, la mère est psychologue. Il est hébergé par sa mère, ou par la rue … accumule les petits boulots, suit des copains qui l’entraînent dans des aventures destructives, adopte une chienne, Kaïra, pour travailler dans la sécurité. Les copains de Jean-Pierre sont aussi en galère.
Francis Combes parle de ces jeunes êtres en marge du système avec beaucoup d’humanité.
Y a-t-il une issue ? On a le sentiment que le roman pourrait continuer et les galères des uns et des autres aussi ?
L’écriture et la construction sont originales, laissant l’impression que l’auteur garde une distance par rapport à ses personnages pour poser un regard objectif sur eux.
Titre : La galère. Les vies aventureuses de Jean-Pierre Moineau
C'est un avis de recherche collé sous un abribus qui va bouleverser la vie de Nathan. Gavril, le vieil homme disparu, a sauvé son enfance de l'ennui et de la solitude auprès d'une mère taciturne en l'entraînant dans les rues de Paris et en l'enchantant de poésie et de fantaisie. Trente ans plus tard, Nathan mène une vie fade et morose que ce soudain rappel à l'enfance et aux silences maternels fait éclater. Lui qui n'a jamais voyagé se rend en Roumanie dont il ignorait que Gavril y avait vécu les drames de la guerre puis les grandes purges de l'après-guerre.
Ce voyage vers l'ami saltimbanque rescapé de terribles épreuves mais qui avait su garder une magnifique ardeur à vivre, va l'ouvrir à une pleine liberté.
Noémie est policière capitaine et en 30 secondes sa vie bascule : elle est défigurée lors d'une intervention. Son compagnon n'accepte pas son nouveau visage meurtri et ,lâche, l'abandonne. Sa hiérarchie l'oblige à quitter le 36 et l'envoie à Decazeville pour se mettre au vert . Elle est moquée par tous . Elle va mener une enquête risquée, va soulever des secrets lourd sur des disparitions d'enfants datant de nombreuses années.Elle s'acceptera comme elle est et prendra une décision sur son avenir .
Coup de coeur de Maryse
Prix de la Maison de la Presse 2019.
Olivier Norek était lieutenant de police judiciaire de Seine-Saint-Denis, humanitaire en Yougoslavie.
C'est le récit autobiographique du réalisateur et scénariste Philippe Laïk qui avait 20 ans en 1956. Appelé sous les drapeaux en Algérie le jeune étudiant parisien, cinéphile habitué de la cinémathèque , des cinémas et des cabarets de la Rive Gauche se voit propulsé dans un environnement hostile dans le bled, dans une guerre qu'il désapprouve. Evénements historiques, politiques et intimes se mêlent dans un style vif et direct. C'est plus qu'une tranche de vie , c'est la description précise et attachante de la France des années 50.
Emilie, Emilie, ouvrage d’Elisabeth Badinter paru en 1983 est une double biographie : celle d’Emilie du Châtelet trop souvent limitée à sa liaison avec Voltaire et celle de Louise d’Epinay, dite Emilie, amie des Philosophes et maîtresse de l’un d’eux.
L’auteure , ancrant ces deux femmes dans leur contexte familial et social montre tous leurs combats pour vivre pleinement leur ambition. Pour la première, Emilie du Châtelet, il s’agit de la passion pour les sciences : elle passera à la postérité, entre autres, pour avoir traduit en français l’œuvre de Newton, Philosophiae naturalis principia mathematica. Elle publiera aussi un ouvrage plus personnel Discours sur le bonheur .Pour la seconde, ce sera l’ambition d’être « un grand sujet ».Elle marquera son époque par un ouvrage de pédagogie écrit pour sa petite-fille, fixant des idéaux nouveaux en matière d’éducation et plus particulièrement celle des filles : Les conversations d’Emilie. Elle connaîtra aussi une gloire posthume avec la publication de son roman Histoire de Madame deMontbrillant sous –titré par la suite Pseudo-Mémoires de Madame d’Epinay où elle fait la peinture vivante de sa vie et se son temps.
L’ouvrage d’Elisabeth Badinter outre le fait de rappeler à notre mémoire deux femmes illustres à la vie mouvementée et passionnée nous fait réfléchir à la condition féminine. Il est permis de se demander si les femmes peuvent vivre pleinement leurs ambitions aujourd’hui et ce, malgré des avancées. Emilie, Emilie est un ouvrage précieux qui ouvre de nombreuses perspectives et qui allie rigueur scientifique et sens du récit propre aux meilleures biographies.
Emilie, Emilie ou l’ambition féminine au XVIII è siècle
En 2000, Colette Lovinger-Richard crée la dynastie des Lajoy, mèdecins-enquêteurs. Le premier : Sigismond et le cadre : la célèbre foire du mi-karesme à Compiègne au Moyen-âge. Dans Crimes et trahisons, un Dr Lajoy enquête sur l’arrestation de Jeanne d’Arc à Compiègne. Crimes et faux semblants : Compiègne à la cour de Louis XV. Crimes de sang à Marat sur Oise : Compiègne postrévolutionnaire. Crimes dans la cité impériale et Crimes en Séries : Compiègne au premier et second empires. Et toujours des crimes, des amours et des docteurs Lajoy dans ces six policiers historiques très plaisants qui font vivre Compiègne à toutes ces époques.
En général, on sait peu de choses sur l’épicurisme sinon quelques clichés concernant l’amour de la bonne chère. Epicure en Corrèze combine deux livres en un : une courte autobiographie de son auteur Marcel Conche né en 1922 , évoquant son enfance à Altillac (Corrèze) puis sa scolarité au lycée de Tulle et son chemin vers la philosophie. Racontant une époque révolue avec les « travaux et les jours » de la campagne française d’avant-guerre, cet ouvrage nous entraîne aussi dans une promenade philosophique faisant la part belle à l’Antiquité gréco-latine et montrant l’étroite imbrication de la vie et de la philosophie.
Dans son avant-propos, l’auteur nous rappelle le principe épicurien : « L’être humain est entrainé par le Fleuve, il ne peut rester sur la berge. Demeure l’inspiration que l’on doit à Epicure : renoncer, nous dit-il , à ce qui n ‘est pas indispensable (…) C’est ce que je fais »
Et c’est ce que ce livre nous invite à faire. Pourquoi ne pas profiter de l’été pour s’imprégner de philosophie et emprunter des chemins de traverse ?
Mémoires au soleil est le dernier roman d’Azouz Bégag. Ce livre est un véritable chant d’amour très émouvant qu’il adresse à son père. Il y est peu question de sa mère. Cependant, les pages qui lui sont consacrées sont bouleversantes.
Il s’agit d’un récit autobiographique. L’histoire se passe à Lyon où vivent les Bégag depuis 1949. Les parents parlent mal le français et sont analphabètes. Bouzid, le père, ancien travailleur du bâtiment, est atteint par « Ali Zaïmeur » qui mange les souvenirs … Il fait des fugues. Son fils Azouz va souvent le rechercher alors qu’il se dirige vers l’autoroute qui le conduira à Marseille où un bateau, le Ville de Marseille, le mènera en Algérie. Ces fugues s’achèvent dans un café miteux où se retrouvent les amis de Bouzid, misérables solitudes qui se distraient comme ils peuvent.
Comment faire pour ranimer les souvenirs de Bouzid ? C’est la question qui préoccupe son fils Azouz.
Le roman balance entre l’hommage vibrant à un père qui s’étiole, et la recherche identitaire. Les deux se font pressants pour l’auteur.
C’est un livre facile à lire, généreux, chaleureux, mais dur en même temps. Il y a des pages drôles aussi, car Azouz Bégag manie l’humour, sans doute pour alléger le ton du récit, et il provoque l’émotion.
Très beau. A lire et à faire lire, pour approcher la difficulté de la vie des immigrés de la génération du père et de la mère D’Azouz Bégag.
C’est le journal de Valentine, dernière survivante des dix petites anarchistes originaires de Suisse qui ont décidé de partir à l’autre bout du monde et de bâtir une communauté anarchiste.
L’action se situe à Saint Imier, petite ville horlogère où les femmes, comme ailleurs en cette fin de XIXème siècle, travaillent beaucoup et ont peu de reconnaissance de la société.
En 1872, la visite de Bakounine, théoricien de l’anarchisme, éveille les consciences... et en juin 1873, c’est le grand départ. Huit femmes âgées de 17 à 31 ans, accompagnées de neuf jeunes enfants embarquent sur La Virginie, le navire qui emporte les déportés de la Commune, parmi lesquels Louise Michel.
Direction l’Amérique du sud. Aux côtés de Valentine, Mathilde, Jeanne ou Lison, nous vivons les amours, les naissances, les morts et les luttes sociales ; nous y expérimentons la survie dans une nature aride ou les petits métiers de l’artisanat dans les grandes villes...
Ce récit est à la fois une épopée, un roman historique, c’est aussi un panorama politique de la fin du XIXe siècle. C’est également une belle collection de portraits de femmes fortes dans un monde d’hommes qui ont choisi pour devise Ni dieu, ni maître, ni mari.
L'écriture est fluide, l'histoire pleine de rebondissements, le titre est une référence aux dix petits nègres d’Agatha Christie qui disparaissent les uns après les autres.
C’est un roman mais l’écriture sous la forme d’un journal donne l’impression que c’est une histoire réelle. L’auteur est suisse.
"George Sand à Nohant" de Michelle Perrot - Chez Seuil.
Ce n'est pas une biographie de George Sand, mais son portrait au travers d'un lieu : Nohant, une vaste demeure, dans le Berry, où arrivée toute jeune, elle a été élevée par sa grand-mère.
Elle a voulu en faire une résidence d'artistes : C'était son rêve. Un lieu d'accueil pour sa famille, ses amis, ses amours : Chopin, bien sûr, mais aussi des écrivains comme Musset, Balzac, Flaubert, Gautier, etc.; des peintres aussi, comme Delacroix.
Ce livre nous ouvre à la découverte de la maison dans ses moindres recoins (les pièces, la déco, le jardin, les terres et fermes qui y sont associées, les domestiques...) et la vie qui l'animait ; tout converge à confirmer le caractère tout-à-fait singulier de George Sand. Née Aurore Dupin en 1804, elle conquiert son indépendance, après la séparation avec son mari, grâce à sa plume. Dans ses ouvrages, elle défend les droits des femmes, s'investit en politique...
La maison de Nohant est le reflet de toutes les facettes de la personnalité de George, que ce soit dans le domaine de : l'art (théâtre, marionnettes), la littérature, la botanique, les oiseaux... Femme amoureuse, propriétaire terrienne, mère : elle voulait tout faire ! Et débordait d'énergie (on apprend qu'elle écrit la nuit...) et heureusement, car elle a toujours eu un besoin pressant d'argent pour assouvir ses rêves. Donc écrire permettait de renflouer les caisses...
Ce qui est original et qui m'a plu dans ce livre, c'est l'intimité des rencontres. Par exemple avec Chopin, surnommé Chipchip par George Sand (d'ailleurs elle donne des surnoms à tout le monde), que l'on approche entrain de composer ! Des détails aussi donnent vie à l'ensemble (par ex. les 9 couches de papier peint découvertes suite à une restauration : George aimait bricoler avec les ouvriers).
En résumé, un très beau livre pour connaître George Sand, très plaisant à lire, car il joue sur toutes les notes : on passe des détails les plus pragmatiques, à ce que fut l'esprit d'une époque, et surtout la façon singulière dont George Sand a marqué cette époque, et semé des idées qui ouvrent des voies encore complètement d'actualité, notamment pour les femmes...