Dans une intrigue savamment construite et en fidèle héritier de la comedia dell arte, Carlo Goldoni (1707-1793) met en scène des types sociaux : le bourgeois enrichi qui a pu se payer un titre de comte, le marquis désargenté qui n' a que sa naissance à faire valoir et qui s'est transformé en pique-assiette-certainement le personnage le plus comique tant le décalage entre ce qu'il est et la conscience qu'il a de lui-même est grand. Les deux, le premier avec son argent, le second avec sa "protection", sont prêts à venir en aide à toutes les femmes qu'ils croisent. Il y a aussi un chevalier très riche, austère, qui met un point d'honneur à tenir à distance les femmes qu'il considère comme des agents du diable.
Tous les trois-le troisième après déploiement d'un stratagème démoniaque-se laissent séduire par la Locandiera-l'aubergiste-une bourgeoise travailleuse, honnête bien qu'un peu madrée et joueuse, économe, indépendante et peu pressée de se marier.
Si à un moment l'on est au bord du drame tout finit par rentrer dans l'ordre "bourgeois" : la Locandiera se marie...
Le texte déjà porté à la scène par Brecht et Visconti est admirablement servi par d'excellents acteurs (Dominique Blanc en particulier dans le rôle de la Locandiera...) et une mise en scène classique qui nous épargne les gadgets habituels pour nous signifier l'universalité du propos...
Une bonne soirée de théâtre assurée pour tous ceux qui ont fait ou feront le choix d'y aller.
La pièce traduite de l'italien en français par JP Manganaro et éditée par "L'avant-scène" est visible à Paris jusqu'au 25 janvier 2014 au Théâtre de l'Atelier, 1 place Charles Dullin. Paris XVIIIème.
Sélection de Pascal