La ronde de nuit d’Agustina Bessa-Luis éditions Métailié
« La ronde de nuit » est le dernier roman de la grande écrivaine portugaise Agustina Bessa-Luis qui vient de mourir en juin 2019 à l’âge de 97 ans.
Ce roman dense et complexe décrit une riche famille aristocratique portugaise, les Nabasco à travers le personnage hors du commun de l’aïeule, Maria-Rosa née au début du XXème siècle.
Agustina Bessa-Luis ne se contente pas d’écrire une saga familiale, elle entremêle son récit de propos sociologiques, politiques, psychologiques, de pensées philosophiques qui enrichissent le récit et font de ce roman si bien ancré dans le Portugal actuel, une œuvre universelle.
L’histoire de cette famille n’est pas racontée de façon chronologique. L’auteure se plaît à redire les mêmes évènements, parfois dans des termes identiques, comme s’il s’agissait d’une complainte orale. Il y a la grand-mère Maria-Rosa, superbe et impertinente, dernière descendante d’un ancien monde, toujours accompagnée de sa servante Elisa Cunhas dont la famille a servi les Nabasco depuis des générations ; puis le petit-fils Martinho, étrange témoin d’un monde qui disparaît et son épouse Judite, choisie par la grand-mère. Et au milieu d’une foisonnante galerie de portraits trône le tableau de Rembrandt « La ronde de nuit ». Ce tableau minutieusement décrit, obsède Martinho depuis son enfance. Il y cherche des réponses à ses questions sur la société, les liens entre les hommes, sur la vie en général. Cet immense tableau parfois encombrant est dans la famille depuis longtemps et certains, dont Martinho pensent qu’il s’agit de l’original. Le tableau participe aux évènements familiaux de façon lancinante.
Le roman qui débute dans un cimetière auprès des tombes de la famille Nabasco et qui se termine par l’agonie du dernier descendant est pourtant un roman plein d’enthousiasme et d’espoir. Il proclame avec la fillette de La ronde « combien la terre est jeune ».
Coup de coeur de Sylvette
